Racine ---- Phèdre

 

1 / La malédiction de phèdre
La malédiction de Phèdre a une origine divine . Hélios, Dieu du Soleil et de la Lumière savait qu'Aphrodite ,déesse de l'amour trompait son mari Héphaïstos , Dieu du Feu et des Forgerons avec Arès, Dieu de la Guerre. Hélios révéla à Héphaïstos les amours clandestins de sa femme et Héphaïstos décida alors de tendre un piège à ces deux amants. Tous deux furent pris en flagrant délit devant tous les Dieux .
Aphrodite déchaîna sa haine et sa colère sur les descendants d'Hélios qui devait être malheureux en amour. Hélios est le père de Pasiphaé, qui est la mère de Phèdre .
Par cette malédiction, Phèdre finit par porter non seulement la mort autour elle mais aussi sur elle-même.
Tout d'abord avec Oenone, sa nourrice qui se jette à la mer après avoir été accusé de tous les maux et chassée violemment par Phèdre. Puis avec Hippolyte accusé à tord par Oenone d'avoir tenter d'abuser de Phèdre et condamné à mort par son père. Thésée qui apprend après avoir prononcé une malédiction contre son fils son innocence par Aricie. Aricie qui voit celui qui devait être son futur époux mourir de façon atroce et cruelle. Enfin, Phèdre torturée de remords avoue la vérité et s'empoisonne.
Phèdre est la seconde épouse de Thésée après la mort d'Antiope, Reine des Amazones avec qui il eut un fils : Hippolyte. Phèdre lui donna deux fils : Acamas et Démophon.
Dans le texte de Racine, la légende n'est que partiellement respectée puisque Racine garde l'idée que la tragédie est un homme injustement accusé et mis à mort par son père, mais aussi que la passion de Phèdre est la conséquence d'une malédiction divine, celle de d'Aphrodite. Cependant, dans le texte de Racine, Hippolyte est un jeune homme amoureux alors que dans la légende il refusait tout amour. De plus il invente un personnage, celui d'Aricie, descendante des Pallantides mais il imagine aussi un amour réciproque entre Hippolyte et Aricie. Enfin, Racine décide de faire que l'accusation contre Hippolyte soit prononcé par Oenone et non par Phèdre.

2 / Hippolyte n'a pas de droit d'aimer Aricie ?
Hippolyte n'a pas le droit d'aimer Aricie car elle est une Pallantide. Famille ennemie qui revendiquèrent le trône à la mort d'Egée : roi d'Athènes. Ils tentèrent de tuer son fils Thésée qui par la suite les massacra. Puis il imposa l'interdiction formelle de tout mariage avec cette descendante d'une dynastie vaincue.

3 / Racine respecte les règles de la tragédie ?
Racine a construit Phèdre selon les règles de la tragédie. L'unité de temps et de lieu y est respecté puisque l'action se déroule en moins d'une journée dans le palais royale de Trézène, ville du Péloponnèse de Grèce.
L'unité d'action qui suppose une intrigue à laquelle peuvent être liées des intrigues secondaires. L'action présente 3 intrigues. La première est la mort supposé de Thésée, puis son retour soudain. La seconde est politique car à l'annonce de la mort de Thésée, il y a trois prétendants à la succession : Hippolyte qui est le premier fils de Thésée ; Aricie qui représente les Pallantides, et Phèdre et son propre fils. La troisième est l'amour car il y a une série d'amours impossibles : Thésée aime Phèdre, qui aime Hippolyte, qui aime Aricie, qui l'aime en retour, mais leur union est impossible car Thésée l'a interdit. De même pour Phèdre envers Hippolyte car il représente une forme d'inceste.
De plus, la pièce en cinq actes est écrite en alexandrins et se situe durant l'antiquité greco-romaine. Le dénouement est funeste et malheureux puisqu'une majeure partie des personnages meurt car ils sont soumis à des forces qui les dépassent ce qui inspire la terreur et la pitié pour ses personnages légendaires.

4 / Phèdre est coupable ?
Phèdre, héroïne éponyme intervient tout le long de l'action et apparaît d'emblée comme un personnage souffrant et ne connaît aucun moment de répit. Ses souffrances sont dues de son désir et de la conscience que le désir est une faute. Elle essaie d'y remédier en combattant l'objet de son désir : elle s'éloigne d'Hippolyte, elle prie que son amour cesse. Mais l'intervention des Dieux rend les personnages soumis à des forces qui les dépassent comme pour le départ de Thésée qui remet en présence Hippolyte et Phèdre. D'ou la situation initiale qui débouche sur une crise. Phèdre apparaît non seulement comme un personnage qui résiste et qui lutte de tout ses forces à cette passion coupable et incontrôlée mais aussi qui sacrifie sa vie plutôt que de céder à cet amour qui la submerge. D'ailleurs le début de la pièce la montre sur le point de mourir, à bout de forces, sans sommeil et sans nourriture. Ses crimes sont dus à sa faiblesse et sont toujours suivit de remords.
Mais cette responsabilité est largement partagée par Oenone qui est à l'initiative de l'aveu et de l'accusation mensongère contre Hippolyte. Phèdre apparaît donc à la fois coupable et victime de la fatalité malgré ses efforts pour garder sa vertu.

5 / commentaire de l'acte 2 scène 5

Phèdre est une pièce de Racine datant de 1677. Phèdre, la femme de Thésée, roi d'Athènes aime Hippolyte, le fils d'un précédent mariage de Thésée avec Antiope. L'extrait à analyser se situe durant l'acte 2, où Phèdre apprend la présumé mort de son époux et demande à Hippolyte de ne pas se venger sur son fils qui vient d'être reconnu roi par les Athéniens. Mais elle se laisse rapidement emporter par sa passion pour Hippolyte et tombe dans l'aveu, devant l'effarement qu'elle suscite, elle finit par vouloir mourir. L'enjeu du dialogue est comment Phèdre partie pour défendre son fils finit par déclarer son amour ? Nous étudierons donc dans une première partie l'intention de Phèdre qui est de défendre son fils puis dans une deuxième partie la révélation de sa passion .

Phèdre est venu vers Hippolyte pour défendre son fils choisit par les Athéniens comme le successeur du roi. Mais alors qu'elle y arrive relativement bien dans la première partie de la scène, elle finit par dériver peu à peu de son fils à son mari Thésée et risque alors de tomber dans l'aveu lorsqu'elle se retient brusquement au vers 629 : " Je le vois, je lui parle, et mon cœur... je m'égare, / Seigneur : ma folle ardeur malgré moi se déclare ". La passion de Phèdre devient imprévisible et surtout incontrôlable . Au vers 631 jusqu'au vers 633 Hippolyte pense que Phèdre ne peut plus maîtriser son amour pour Thésée ou bien il comprend parfaitement ce qui se passe mais essaye alors de se sortir de cette situation difficile du mieux qu'il peut. Ce qu'il refera par la suite entre les vers 667 et 670.
Phèdre se rattrape et parle de son amour bien réel pour Thésée. Elle le décrit en ne gardant que les cotés positifs de son mari du vers 638 au vers 693 : " Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche, / Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi " mais non ses cotés négatifs au vers 636 : " volage admirateur de mille objets divers ". Puis elle revient sur Hippolyte avec une comparaison avec son père entre les vers 640 au vers 644 : " Tel qu'on peint nos dieux ou tel que je vous voi / Il avait votre port , vos yeux , votre langage/ Cette noble pudeur colorait son visage". Elle parle aussi de sa sœur Ariane puis d'elle au vers 653 : " Mais non, dans ce dessein je l'aurais devancée". Il y a donc une progression rapide du fils de Phèdre à Phèdre elle-même en passant par Thésée, Hippolyte et Ariane .
Mais le vers 654 sera important car c'est le moment où Phèdre se trahit devant Hippolyte pour la première fois de manière définitive : " L'amour m'en eût d'abord inspiré la pensée ". Mais elle poursuit sa trahison entre les vers 656 au vers 662 , en annonçant à Hippolyte qu'elle aurait voulu pouvoir lui être entièrement dévouée dans le terrible Labyrinthe. Puis Phèdre d'indigne en reprochant à Hippolyte son absence dans "Des héros de la Grèce assembla-t-il l'Elite ?/ Pourquoi , trop jeune encor, ne pûtes-vous alors /Entrer dans le vaisseau qui le mit sur nos bords ?". De plus, Phèdre regrette même d'avoir connu Thésée avant Hippolyte et essaye de lui prouver que son malheur provient des volontés divines, elle devient alors victime de la fatalité. Hippolyte est choqué : " Dieux ! " et tente alors de remettre Phèdre sur le droit chemin en lui rappelant son statut au vers 663 " Qu'est ce que j'entends ? Madame, oubliez-vous /Que Thésée est mon père , et qu'il est votre époux ? ". Phèdre lui fait remarquer sur un ton arrogant, en ajoutant " Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire ? " au vers 666. Puis Hippolyte qui cherche une fois encore, comme aux vers 631 aux vers 633, à jouer l'incompréhension la plus absurde, il ne veut et ne peut pas assumer ce qu'il pressent. Mais Phèdre, poussée par la souffrance qui la consume intérieurement, ne le laisse pas ainsi et lui expose son aveu.
Ainsi, dans cette scène Phèdre croit que Thésée est mort , elle est alors libérée par cette nouvelle et se laisse aller à avouer à Hippolyte , la passion coupable qu'elle éprouve pour lui . Cet aveu mettra bientôt Phèdre dans une situation intenable : non seulement car Hippolyte la rejette , mais Thésée , qui avait simplement disparu , est bientôt de retour . Si la pièce n'a pas eu à souffrir de la concurrence de la Phèdre de Jacques Pradon, composée la même année pour nuire au poète, elle a rencontré l'hostilité de la Cour, qui la jugeait scandaleuse.